dimanche 6 décembre 2015

Les Amazones spectrales de Claire Tabouret

Au centre d'art Le Parvis, sous le pinceau habile de Claire Tabouret, la femme, conduite par la figure tutélaire de l'aventurière pré-genderqueer Isabelle Eberhardt, est interrogée en tant que construction culturelle.



Claire Tabouret, L'errante, 2013



http://mouvement.net/critiques/critiques/amazones-spectrales
C. Desbordes, Mouvement.net, novembre/décembre 2015

samedi 7 novembre 2015

Blog territoires-ecran, 2012-2015

Recherche en art, école supérieure d'art des Pyrénées, 2012-2015


"Là où la carte découpe, le récit traverse"Michel de Certeau





www.territoiresecran.tumblr.com



Francis Alÿs, When Faith Moves Moutains, 2002

Le 11 avril 2002, Francis Alÿs réunit 500 volontaires (recrutés principalement parmi des étudiants en art ) pour déplacer, tout au long d'une journée, une dune de 10cm sur une ligne de 500 mètres. 
Le monticule se trouve au nord de Lima, près des quartiers les plus pauvres de la ville où la population est formée, essentiellement, d'immigrants économiques et de réfugiés politiques. La symbolique de l'action collective (constituée, pour un court temps, d'un groupe d'individus réunis autour d'un même projet, aussi fort que dérisoire), engage une réévaluation de la notion subjective et politique de la carte du territoire.
Documenté par une vidéo et des photogrammes, le travail est, depuis 10 ans, transmis, pour une grande part, à l'oral - renouant avec la tradition millénaire de la fable.


 


Le blog-relais du programme de recherche "Territoires, mutations & archives"
Une proposition de Chrystelle Desbordes (2012-2015)

Autour des questionnements posés dans le programme de recherche, le blog "territoires-écran" est conçu comme un outil d'échanges d'images et de textes entre des étudiants de 4e et 5e années (DNSEP grade Master), les intervenants du séminaire "Territoires, mutations & archives", et les enseignants de l'ESA des Pyrénées qui souhaitent participer à la construction de ce nouveau paysage  - un paysage en mosaïque, qui rend hommage à l'Atlas Mnémosyne de Warburg, au "musée imaginaire" de Malrauxà l'histoire culturelle de l'art construite par Buckhardt ou aux Histoire(s) du cinéma de Godard. Il tient sa réalité d'une forme qui se construit à partir de l'idée dynamique de "montage en perpétuel devenir" articulé sur les pratiques qu'offrent Internet.
Il s'agit d'un outil de travail ouvert, empirique et prospectif, fondé sur l'analogie ou l'association libre, d'un territoire d'échanges collectifs.


Statement du programme de recherche 
À l’heure de la globalisation économique et du réseau, la question des territoires est en pleine mutation. L’intérêt marqué pour les technologies de la géo-localisation, les échanges « transfrontaliers » sur les réseaux sociaux ou l’émergence de « rapports sociaux contributifs » dans le contexte des « technologies de la collaboration » (B. Stiegler) en sont des paradigmes tout à fait sensibles. Parallèlement, la culture de l’immatériel en flux, qui redistribue les cartes de la reproductibilité technique, a notamment pour conséquence de nous conduire à réfléchir à la préservation et à l’exploitation de nos archives – que celles-ci appartiennent à un lointain passé ou qu’elles soient produites dans la fugacité du présent.
En d’autres termes, au sein de notre contemporanéité, les notions d’espace et de temps sont revisitées ou, pour le moins, rediscutées, à la fois par les artistes, les professionnels de l’art et les chercheurs. De nouvelles frictions ( - au sens de Warburg) s’opèrent autour de ces questions fondamentales liées à notre époque, entre le champ étendu des arts visuels et les sciences exactes ou les sciences humaines.
L’ensemble des invitations a pour but de révéler ce jeu de frictions - un jeu dont l’objet est d’alimenter de nouvelles pistes de réflexion, et qui, bien sûr, a pour but de nourrir les projets des étudiants de DNSEP grade Master 1 & 2 (ESA des Pyrénées, site de Tarbes). 

Mots-clefs
 

Archives, auto-archivage, cartographies, créolisation, cycles, data-base, dérives, documents, « dystopies », étoiles, espaces, exils, fantômes, frictions, frontières, géo-localisation, identités, informations, langues, médias, mutations, récits, re-enactement, temporalités, territoires, utopies….



 

Première strate, "Mosaïque collective", détail, octobre 2012


  
Deuxième strate, "extrait d'Espèces d'espaces, Georges Perec", novembre 2012

 

Troisième strate, "After Georges Perec, Espèces d'espaces", détail, novembre 2012- mai 2013



mercredi 21 octobre 2015

Livret de l'exposition "tam-tam show project"

Livret de la résidence exposition "Ceci n'est pas un hommage à Marcel B."
Du 9 au 12 juillet 2015 aux Ateliers Victor Hugo de Sète

Direction de publication & textes : Chrystelle Desbordes
Conception graphique : Laurence Broydé
Impression numérique couleur sur papier offset blanc 100 gr., Script laser (Paris)
28 pages




 
                           Présentation, p. 2-3


        
       "Atlas documentation" du projet, p. 27-28

lundi 13 juillet 2015

Résidence-exposition "tam-tam show project" (Sète)

Résidence/exposition – art contemporain
Un projet curatorial de Chrystelle Desbordes




tam-tam show project

« Le monde est tout ce qui a lieu. », Ludwig Wittgenstein

À l'égal d'une galerie, un espace de travail est offert à chacun des artistes invités en résidence, avec ses contraintes et ses qualités propres, comme tout espace de production/exposition. Volet après volet, l'exposition collective se construit, rendant compte de pratiques artistiques contemporaines et de leur relation au monde.
Pour ses qualités de mobilité et d'économie, sa possibilité d'offrir deux espaces emboités fermés qui peuvent se désolidariser et s'ouvrir, son histoire, son nom, son look de piédestal pop ou de colonne sans fin modulaire, ses murs opaques ou transparents, colorés ou quasi invisibles, le tabouret TAM- TAM devient ici l'espace de travail à la fois unique et multiple à expérimenter, comme le véhicule de « Temporary Art Masterpieces ».

Le tabouret TAM TAM devient le lieu d'expérimentations artistiques, le prétexte à exposer des oeuvres contemporaines pour les donner à voir à un public spécialiste comme non-spécialiste, l'espace de nouvelles stratégies de monstration de l'art contemporain, en partie héritier de « l'état d'esprit Fluxus ». Son nom renvoie à une communication non verbale, à un rythme musical, à un échange entre l'émetteur et le récepteur, entre l'artiste et le spectateur.
Le TAM-TAM Show peut facilement aller à la rencontre des publics, emprunter de nombreuses voies de circulation et de moyens de locomotion, changer de contexte, composer des micro-actions au cœur de la cité. Par là, le TAM-TAM Show est une aire de jeu, tout à la fois ludique et politique, dont les règles s'établissent au hasard des rencontres, des désirs.

Le tabouret TAM TAM, crée en 1968 par Henry Massonet (pour les pêcheurs) est rapidement devenu un objet mythique du design domestique des années 1970. Dans sa version « Krystal », en particulier, avec ses qualités d'open- space minimaliste, de transparence spatiale, de monochromie, il rappelle, de façon critique, le "white cube". Icône du design low & tech, l'objet, dans ce nouveau contexte, met également en abîme, avec humour, la perméabilité actuelle et problématique de l'art contemporain et du design.


Vues de l'exposition aux ateliers Victor Hugo, 11.07.2015













Les artistes en résidence

De haut en bas : Sébastien Taillefer, Laurence Broydé, Christophe Bruno, Agnès Rosse, Marianne Plo



L'événement a donné lieu à l'édition d'un livret de l'exposition :  

photos © Chrystelle Desbordes

mercredi 27 mai 2015

"Ward Shelley, Time lines & Archives", conférence à la BnF Paris

Conférence donnée dans le cadre des Journées "L'ère du paléodigital", BnF/ Énsba Paris
Rencontres net.art, mai 2015

J'ai organisé ces journées d'étude avec l'artiste Christophe Bruno et le philosophe Emmanuel Guez, sur une invitation de Marie Saladin (BnF). Lors de ces rencontres, j'ai donné à la BnF une conférence sur le travail de Ward Shelley qui, à sa manière, déplie l'histoire de l'art sur de grandes cartes au dessin organique pop'.




Ward Shelley, Who invented avant-garde and other half-truths, 2009

    
 " Peu connu en France, l'artiste américain Ward Shelley (1950) "réécrit" l'histoire de l'art grâce à des Time lines heuristiques formant des sortes de cartes au style organique Pop', offrant d'embrasser les mouvements et tendances de l'art (occidental) avec une certaine jouissance scopique, comme intellectuelle. Pour réaliser ces véritables fresques, l'artiste puise les informations à la fois dans la littérature académique de la discipline et les posts d'internautes - une méthode qui s'invente dans une nouvelle "interface épistémologique", et qui questionne au passage la place du bottom up dans l'accès aux "archives du savoir" aujourd'hui.", C. Desbordes


mercredi 15 avril 2015

Jim Fauvet : « ANACHRONIMsE – vacances de formes »

Cela faisait déjà 5 ans que je connaissais Jim, que nous travaillions dans la même équipe d'enseignants aux Beaux-Arts, déjà 5 ans que j'avais envie d'écrire sur son travail. Lorsque j'ai vu son exposition à la chapelle Saint-Jacques, je n'ai pas caché mon enthousiasme. Jim a publié le texte sur son site.



La chose, pierre (hauteur : 240 cm) © Jim Fauvet



Article "Dark Vador au Jardin des délices"

Temps superbe. Nous longeons la chaîne des Pyrénées aux flancs enneigés jusqu'à Saint-Gaudens. Tandis que le ciel azur domine à l'extérieur, il y a peu de lumière naturelle dans la chapelle. Dès le seuil, on ressent la jubilation d'une pratique « touche à tout », la générosité d'un travail qui produit des objets traversant de nombreux médiums et récits, formant ici un nouveau Jardin des délices - fantasmatique, drôle, monstrueux, léger, à la fois


Les objets se nouent en étreintes, les images se chevauchent, les pratiques s'hybrident, glissent, tissent, explosent. On voit le plaisir de l'artiste à triturer les formes et les références, à ramasser les standards de l'art officiel pour les recomposer en dérives, à compacter et à dilater les temps, à rire des accidents qui se produisent dans les rencontres fortuites, à dessiner des paysages aux marges du paysage - un simple décorum dans lequel l'art se jouerait avec tendresse de la comédie humaine. Un art qui mixe les époques et les styles, déjoue les utopies progressistes et les stratégies du monde de l'art - bonds et rebonds : du grand mégalithe blanc (Futur Antérieur 1) rappelant l'âge du Néolithique tout comme le monolithe de 2001 L'Odyssée de l'Espace, jusqu'au revival de la sculpture monumentale en pierre, créée à partir d'une figurine en plastique un peu mal foutue (La chose), en passant par une reproduction « Painted in China » de la « Joconde du Prado », la première copie connue de l'inénarrable Mona Lisa. Une histoire de l'art version Alice aux Pays des Merveilles Rock'n'Roll avec, dans les rôles principaux : Duchamp, Bosch, Russ Meyer, la femme ou l'homme qui a dessiné un « Megacéros » sur les panneaux pariétaux et routiers, Alphonse Allais, Filliou, Star Wars, Fauguet, Niki de Saint-Phalle, Donatello...

Jubilatoire, La reproduction, une sculpture qui perturbe le double et son échelle, qui s'amuse de la mauvaise copie (pas plus mauvaise, en fait, que ses modèles : le Balloon Dog de Koons et Le Rhinocéros de Xavier Veilhan...), qui rigole de l'accouplement improbable entre deux animaux de différentes natures mais façonnés avec la même chair (de la pâte à modeler de toutes les couleurs).
Euphorisante, la petite pharmacopée nommée Invador objects'attack qui, à l'égal du Merzbau de Schwitters ou de La topographie anecdotée du hasard de Spoerri, nous invite à des rencontres avec des objets a priori sans qualité, des objets à la fois déclassés et ré-introduits, qui racontent des récits de contortionniste à la Houdini ou à la mode de la sculpture romane écrasant une tête de Joseph sous le joug du chapiteau souverain. La vie des formes n'est pas linéaire, comme le rappelle le titre de l'exposition - « ANACHRONIMsE – vacances de formes ».




La chose en est à mes yeux le « clou ». Une oeuvre hallucinante, en fait... Une sculpture en pierre de 2 mètres 40 représentant un chasseur-soldat improbable, armé d'un fusil dont la terminaison prend les traits arrondis du chapeau d'un phallus. Le projet, en soi, est assez fou, un pari... réussi. Contre vents et marées, ce personnage ridicule, qui singe l'idée de victoire en s'incarnant dans la grande tradition de la statuaire, devient un étrange monument, mais un monument quand même. Un excitant va-et-vient aussi, entre le low and high. La polychromie matérielle, faite de pierres de différentes couleurs (avec pour base la fameuse pierre de Saint-Béat ayant servi à la Colonne Trajan 2), et le corps difforme (mais équilibré) donnent également à cette histoire des accents de cartoon.
Ce personnage, hybride et provocant, bizarre et absurde, semble alors opérer comme une balise dans le parcours, tel un guide immobile, mi-homme mi extra-terrestre, issu du passé et de l'avenir - un néo Dark Vador, un peu en retrait, qui scruterait du bout de son fusil les amours ancillaires qui se tricotent au coeur de ce Jardin des délices, au coeur de cet éden, rare, où les écarts composent de jouissives vacances de formes.

Paris, mars 2015

Exposition Jim Fauvet à  la Chapelle Saint-Jacques, Du 28 février au 2 mai 2015


1 Les œuvres ont été produites dans le cadre de l'exposition (2015).
2 Cette œuvre a été produite par le Centre International de Recherche de la Pierre, des Arts et de la Culture (CORPAC) à Saint-Béat (31), dans le cadre d'une résidence artistique.