vendredi 28 octobre 2016

Exposition Guerrilla Girls à Paris

Article "Détournements de faciès", mouvement.net


Quand le collectif d'artistes The Guerrilla Girls rencontre le groupe d'action féministe La Barbe, inutile de tergiverser, l’art est éminemment politique. Une exposition en diptyque et chiffres à l’appui rappellent la place si vertigineusement dérisoire des femmes dans le monde occidental. 


Nous sommes en 2016... Précisément 31 ans après la formation des Guerrilla Girls à New York devenues, depuis, icônes du féminisme en art. Pour chacune de leurs interventions publiques, ses membres (dont les fondatrices « Kathe Kollwitz » et « Frida Kahlo ») arborent, telles des super-héroïnes, un faciès de gorille – magnifique contre-icône au mythe de « l'éternel féminin » ! La Grande Odalisque d'Ingres en est elle-même flanquée dans l'une de leurs célèbres affiches datée de 1989. Se détachant sur un fond jaune criard, la gueule attachée au nu hyper-vertébré fait face à une question : « Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Met. Museum ? » ; question non moins urgente que sensée puisqu'elle partait de l'observation que « 5 % des œuvres du Metropolitan de New-York sont signées par des femmes, tandis que 85 % des nus sont féminins » ...

Où en est-on aujourd'hui ? À lire les messages concis et incisifs, inscrits sur les posters, banderoles et autres tracts créés par le groupe depuis sa naissance, force est de constater que l'on n'a pas trop avancé en trois décennies, ne serait-ce qu'en terme de visibilité des femmes artistes dans les collections institutionnelles (alors que le nombre d'étudiantes diplômées des écoles d'art apparaît inversement proportionnel). Aussi les œuvres présentées sont-elles accrochées sans souci chronologique : les slogans se ressemblent, l'Histoire continue ! Et si le médium est bel et bien le message, comme l'a écrit Marshall Mc Luhan, toutes ces propositions militantes se relient entre elles par une esthétique spécifique, issue des codes de la publicité de type « hard selling », outrancière et « first degree », bref, des lois du marketing fabriquées par et pour les hommes blancs depuis les 30 Glorieuses, et dont l'hégémonie, on le sait tristement, n'a cessé de croître.


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