jeudi 7 février 2013

Trac - Tiroir régional d'art contemporain (Montpellier)

TRAC, Tiroir Régional d'Art Contemporain (Galerie du FRAC Languedoc-Roussillon, Montpellier) 

octobre 1998-juin 2002


L'automne pointait son nez, je me souviens bien de ce soir-là, chez Marie-Pierre à Montpellier. Nous prenions un verre de Bourgogne aligoté avec les artistes Siegfried Ceballos et Philippe Jaminet. Nous échangions sur l'art et la vie, la vie et l'art. À un moment, nous avons parlé des conférences "Les Mercredis de l'art contemporain" que je donnais une fois par mois, depuis près d'un an, à la galerie du Frac Languedoc-Roussillon. Il s'agissait d'un format simple et, au fond, assez excitant : sortir les œuvres des réserves et en discuter directement avec le public, après en avoir fait la présentation. Marie-Pierre, quant à elle, travaillait aussi avec le Frac à l'époque. Derrière le comptoir de l'entrée, elle recevait le public, puis le guidait dans les expositions. De fil en aiguille, on s'est dit que ce serait "drôle" et "chouette" de "faire rentrer" des oeuvres dans le tiroir du comptoir (qui n'avait aucune qualité en tant que meuble). Grâce à nos échanges, il endossa vite le "super-pouvoir" de devenir un espace d'exposition au sein du Frac pour des artistes vivants. On le visualisa alors, comme s'il était déjà un lieuC'était bien sûr un hommage à Robert Filliou, à l'état d'esprit Fluxus, et un "off" dans le "in". Nous avons imaginé que "l'idéal" serait que les vernissages se déroulent après mes conférences. Dès le lendemain, Marie-Pierre et moi sommes allés voir le directeur de l'institution, Ami Barak, pour lui en parler. Il nous a donné immédiatement "carte blanche" avec, normal, un "droit de regard". Il accepta tous les projets. Siegfried, puis Philippe, furent, bien entendu, les premiers à exposer au Trac. Les artistes que nous invitions avaient "simplement" pour contrainte de loger un projet spécifique dans le tiroir, même s'il était possible d'en transcender les limites, les œuvres devaient garder au moins un point de contact avec lui. J'écrivais un texte sur chaque production, à disposition du public. Au début, nous nous sommes débrouillées avec les moyens du bord, et la gracieuse collaboration du régisseur du Frac, puis nous avons eu des aides de la Drac. L'aventure dura près de 4 ans, une quinzaine d'oeuvres furent produites dans le cadre du Trac, signées notamment par : Siegfried Ceballos, Philippe Jaminet, Caroline Carolitis, Ludovic Pré, Lydie Jean-Dit-Pannel, Frédéric Khodja, Luc Bouzat, Ghazel...

Le Trac rencontra un succès certain. Le journaliste Arnaud Laporte m'invita d'ailleurs à en à parler sur France Culture, c'était lors de l'hiver 2001/2002, il faisait chaud dans le studio de Radio France, j'avais une sacrée crève. Quelques mois plus tard, à cause de difficultés politiques rencontrées par le Frac, nous avons arrêté le projet, non sans avoir réalisé une dernière exposition - un "acte politique" - en soutien à Ami Barak.



Photo ci-après : Marie-Pierre Donadio déroule l'œuvre de Frédéric Khodja, Nulle dies sine linea, Trac - Galerie du Frac L/ R. , 27 avril 2000



Texte ci-après
: à propos de l'œuvre de Frédéric Khodja au Trac, publié dans la revue Papiers Libres, printemps 2000